Pour le mois d’octobre, le Pape François a demandé à tous les catholiques de prier quotidiennement le chapelet. Nous n’en sommes pas étonnés, car dans toute l’histoire de l’Église, il n’existe aucune prière qui n’ait été autant recommandée par les Papes, que le saint rosaire.

Pourquoi cette prédilection des papes et des saints pour le Rosaire ? C’est que le Rosaire est la prière mariale par excellence. Autrement dit, le Rosaire nous fait aller à Jésus par Marie !

Vous savez peut-être que vers la fin du deuxième Concile du Vatican, le bruit courrait que le Pape Paul VI allait proclamer un nouveau dogme, celui de Marie médiatrice de toutes les grâces.

Quand j’étais étudiant à Fribourg en Allemagne, le grand-père d’un ami nous racontait un jour comme il avait prié pendant de Concile pour que le Pape ne proclame pas comme dogme cette doctrine de Marie médiatrice de toutes les grâces. Paul VI, comme nous savons, a finalement renoncé à proclamer ce dogme. « Heureusement ! », ajoutait le grand-père de mon ami, parce que, disait-il, « cela montre qu’il n’est pas obligatoire de passer par la Sainte Vierge pour aller à Dieu ».

En cette terre mariale qu’est la Mayenne, notre bon sens catholique sait que c’est faux : « Pour trouver la grâce de Dieu, il faut trouver Marie. » (saint Louis-Marie Grignon de Montfort)

Pourquoi ? Parce que Marie est vraiment la médiatrice de toutes les grâces.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu’aucune grâce ne descend du ciel dans les âmes des hommes, sans passer par les mains de la sainte Vierge : Dieu a fait de sa sainte mère, la dispensatrice de tous ses dons. Et à en croire à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Marie donne la grâce de Dieu à qui elle veut, comme elle veut, quand elle veut et autant qu’elle veut.

La prière quotidienne du Rosaire, c’est la mise en pratique de cette doctrine. Car quand nous prions le chapelet, nous nous tenons près de Marie pour recevoir de sa main les fruits de la rédemption.

« Je vous salue Marie, pleine de grâce », disons-nous cinquante fois durant le chapelet. N’est-ce pas dire cinquante fois à la Sainte Vierge : « Marie, vous n’êtes pas seulement pleine de grâce en vous-même, pour vous-même, mais pleine de tous ces trésors de grâce que vous avez reçu de Dieu et que vous allez enfanter en nous quand nous méditions sur les 15 principaux mystères du salut ».

Voilà une première raison en faveur du chapelet quotidien. Je vous en donnerai encore deux autres.

Il faut dire le chapelet, parce cette prière fait passer nos supplications par les mains de la saint Vierge, et c’est elle qui les présente devant Dieu. Or ce que Dieu pourrait parfois refuser à nous, il ne le refusera pas à Marie.

« Mais priez mais enfant. Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon fils se laisse toucher. » Ici en Mayenne nous le savons bien. Jésus se laisse toucher parce que nos demandes lui sont présentées par sa mère, qui est comme toute-puissante sur son cœur de fils.

Or le meilleur moyen de faire remonter nos prières jusqu’à Marie pour qu’elle les présente à Dieu, c’est le Rosaire. C’est Lucie de Fatima qui le dit : « La très sainte Vierge a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se rapportant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, ou bien à la vie des peuples et des nations, il n’y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint Rosaire. »

Voilà pourquoi le Pape François nous recommande de demander tous les jours la protection et la purification de l’église de la terre, par la médiation de Marie, au moyen du Rosaire.

Mais ce n’est pas tout.

Le Catéchisme de l’Eglise catholique enseigne que la grâce n’est pas seulement un secours divin extérieur pour nous aider à bien agir, mais elle est aussi et surtout, « une participation à la vie de Dieu, elle nous introduit dans l’intimité de la vie trinitaire. » (n°1997). De même que le pommier sauvage, en plus de sa vie naturelle, vit de la vie du greffon plus noble que lui, de même par la grâce, en plus de notre vie naturelle, nous vivons de la vie même de Dieu.

C’est cela que saint Paul exprime quand il dit : « Ce n’est plus moi qui vit mais c’est le Christ  qui vit en moi. » Dieu vit en moi par la grâce, et par la grâce je vis de sa vie.

Un anticlérical converti par la seule vue du saint curé d’Ars s’écria : « J’ai vu Dieu en un homme ! » C’était parfaitement juste ! C’est cela notre vocation à nous tous : non seulement imiter extérieurement les vertus du Christ, mais être transformé en lui : être déifié, devenir l’image vivante de l’Homme-Dieu Jésus Christ. C’est pour cela que Notre Seigneur est venu : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10, 10). Ici Notre Seigneur ne parle pas de la vie naturelle que nous avions déjà, mais de la vie divine. « Dieu s’est fait homme pour que, par la grâce, l’homme soit fait Dieu. »

Et c’est ici qu’interviennent à nouveau la Vierge Marie et son Rosaire. De même que Marie est la mère de Dieu, parce qu’elle a engendré Jésus à la vie naturelle, de même Marie est notre mère, parce qu’elle nous engendre à la vie divine. La même Marie qui a formé Jésus en son sein, formera, toujours en son sein, les hommes déifiés par la grâce que nous sommes appelés à devenir. C’est en Marie que Dieu s’est fait homme, c’est en elle que l’homme est fait Dieu.

Mais pour que Marie puisse nous engendrer à la vie divine, il faut que nous fassions comme Jésus, qui a vécu pendant neuf mois caché dans le sein de sa mère. Il faut que nous aussi, nous vivions dans le sein de Marie.

Et à cela le saint Rosaire nous aide. Car la spiritualité du Rosaire nous fait vivre en Marie. Elle  nous fait vivre dans une union habituelle avec Marie, dans une atmosphère où nous la retrouvons sans cesse, respirant son parfum, vivant de sa vie. Le saint Rosaire est comme le cordon ombilical qui nous relit à notre mère, pour qu’elle nous donne la vie surnaturelle, la vie divine, la vie de la grâce.

Marie est la dispensatrice de toutes les grâces par sa médiation descendante. Elle présente nos demandes et nos personnes devant Dieu par sa médiation ascendante. Elle est le moule où nous serons engendrés à la vie divine. En un mot « Pour trouver la grâce de Dieu, il faut trouver Marie, par le moyen du très saint Rosaire. »

Père Jourdain-Marie Groetz