Confiance et défiance

Chaque année, la « rentrée » est un commencement avec beaucoup de nouveautés : nouvelles classes, nouveaux professeurs, nouvelles matières. Nous voilà, encore une fois, débutants.

Si j’apprends à nager, mes premières brasses (coulées !) sont un constant rappel de mon incompétence. Même chose pour mes premières pointes à la danse, mes premières notes à la clarinette, mes premières passes au rugby. Même chose pour les conjugaisons françaises, les verbes forts anglais, les déclinaisons allemandes. Dans chaque art, science, discipline, il faut accepter au départ de ne pas savoir. Socrate, il y a vingt-cinq siècles, disait même : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. »

Si je ne sais pas, je dois être guidé. Je dois donc faire confiance à celui qui sait et qui peut m’enseigner. Sans cette confiance, il est impossible d’apprendre quoi que ce soit. Mais, attention ! Cette confiance ne peut être aveugle. Pourquoi ? Parce que la confiance ne s’accorde qu’à quelqu’un qui la mérite. La personne mérite ma confiance si elle est vraiment compétente dans son domaine (par exemple la natation) et qu’elle veut mon bien, c’est-à-dire me transmettre un savoir, un art, une compétence.

La confiance, c’est la relation qui permet à Helen Keller de sortir de son enfermement (elle est devenue sourde et aveugle à l’âge de deux ans) grâce au dévouement de son éducatrice, Anne Sullivan. La défiance, c’est le sentiment que les orphelins du roman de Dickens, Oliver Twist, éprouvent à l’égard de Mrs Mann, la directrice de l’orphelinat, qui auraient dû être pour eux comme une tendre mère et qui n’était qu’une impitoyable geôlière.

Tu découvriras peu à peu qu’il existe, parmi les adultes, certaines personnes, malades ou méchantes, qui peuvent faire du mal à ceux à qui elles auraient dû faire du bien. Par des paroles déplacées : que ces paroles soient bonnes (compliments trop appuyés) ou mauvaises (intimidations, vexations, injures). Par des gestes indécents (caresses, contacts répétés, recherche de promiscuité, etc.). Si un adulte se comporte ainsi, il ne mérite pas la confiance de ses élèves. Il faut le fuir. Et prévenir sans délai un adulte en qui on a vraiment confiance.

Pour apprendre et grandir sans danger, j’ai besoin de ces deux regards : confiance envers les personnes qui le méritent (les adultes qui veulent vraiment m’aider à grandir) ; défiance envers celles qui n’assument pas leur rôle (les adultes qui ne savent pas garder la juste distance avec les enfants). Bonne rentrée !

Père Augustin-Marie