Extrait du dernier numéro de Sedes Sapientiae, n°171 (mars 2025)

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Mgr Athanasius Schneider est évêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Sainte-Marie à Astana, au Kazakhstan.

Monseigneur, êtes-vous vous-même un religieux ?

J’appartiens à l’ordre des chanoines réguliers de la Sainte-Croix, que j’ai rejoint en 1982 à l’âge de 21 ans. Les chanoines réguliers suivent la règle de saint Augustin. En tant qu’évêque d’Hippone, saint Augustin a insisté pour que les membres de son clergé vivant dans sa cathédrale soient soumis à une règle commune et ne possèdent aucune propriété privée. Le charisme des chanoines réguliers consiste en la « vie apostolique », c’est-à-dire en une vie à la fois contemplative et active pastoralement. Les chanoines réguliers considèrent la liturgie solennelle comme leur tâche principale. L’ordre auquel j’appartiens a été fondé en 1132 à Coimbra sous le nom de la « Sainte-Croix ». Saint Antoine de Padoue était membre de cet ordre et a reçu sa formation théologique et son ordination sacerdotale à Coimbra avant de passer à l’ordre des Frères mineurs. Le cofondateur et premier prieur général de l’ordre des chanoines réguliers de la Sainte-Croix fut saint Théotone († 1162), le premier saint canonisé du Portugal.

Qu’est-ce que cela a signifié pour vous de prononcer des vœux perpétuels de pauvreté, de chasteté et d’obéissance ?

Prononcer les trois vœux perpétuels de pauvreté, de chasteté et d’obéissance signifiait pour moi une consécration totale de ma personne et de tous les aspects de la vie humaine et chrétienne exclusivement au Seigneur. Cela signifiait pour moi la déclaration solennelle que désormais le Seigneur était le propriétaire, le roi et le souverain de mon âme, de mon cœur, de mon corps et de tout ce que je possédais. J’ai eu la sensation d’un bonheur profond et indicible d’appartenir de manière sponsale pour toujours au Seigneur.

La vie de pauvreté, de chasteté et d’obéissance consacrées est l’expression la plus complète de l’imitation du Christ. Quand on aime Jésus-Christ réellement et surnaturellement, on a le désir de lui ressembler. Le secret de la sainteté consiste à s’efforcer continuellement de ressembler au Christ par des pensées, des désirs et un corps chastes, par une vie de détachement complet des choses matérielles et, surtout, par le détachement de la volonté propre. Les vœux perpétuels étaient pour moi résumés et exprimés dans l’adage latin : « Totus tuus ego sum, et omnia mea tua sunt – Je t’appartiens totalement, et tout ce que j’ai est à toi. »

La vie religieuse est-elle encore nécessaire à l’Église de notre temps ? Il pourrait sembler plus urgent de promouvoir les vocations sacerdotales et de défendre la sainteté du mariage chrétien.

Ces trois réalités sont, chacune à sa manière, nécessaires à la vie de l’Église. Si l’une de ces trois réalités venait à manquer, il manquerait quelque chose d’essentiel pour l’Église. Ces trois réalités sont interdépendantes les unes des autres. La première réalité de l’Église est la famille catholique, sanctifiée par le sacrement du mariage et l’exemple de la Sainte Famille. La famille catholique est en quelque sorte le premier séminaire sacerdotal. Sans le sacerdoce, l’Église ne peut pas vivre car, sans l’eucharistie, que seuls les prêtres sont capables de consacrer validement, il n’y a pas de vie dans l’Église, puisqu’elle vit de l’eucharistie. Sans la vie religieuse, il manque la flamme perpétuelle de l’amour sponsal pour le Christ et le témoignage le plus éloquent de la primauté donnée à l’éternité.

Quels conseils pratiques donneriez-vous aux jeunes qui envisagent de se consacrer à Dieu ?

Le désir de se consacrer à Dieu qui naît dans l’âme des jeunes vient de Dieu. C’est une invitation pleine de tact que Dieu adresse à ce jeune pour qu’il aime, qu’il aime sans réserve le Bien suprême, Dieu lui-même. C’est avant tout un don de Dieu. dès qu’un jeune ressent un tel désir, il doit le suivre, en implorant de Dieu la grâce de renforcer ce désir et de rester fidèle à cet appel. Il doit ensuite prier humblement pour que Dieu lui accorde des signes précis qui lui indiqueront le lieu ou la forme de vie consacrée à laquelle Dieu, de toute éternité, a décidé de l’appeler. Les jeunes doivent rechercher les communautés religieuses où la vie consacrée est vécue pleinement et, dans une certaine mesure, dans l’observance radicale et l’ascèse traditionnelle, alliées à la sérénité et à la joie. il s’agit de communautés religieuses où l’on donne la première place à Dieu par la primauté de la prière, par une forme christocentrique et sacrée de célébration de la liturgie, et par un désir ardent de sauver les âmes pour l’éternité et de construire la vie missionnaire de l’Église. un religieux authentique, qu’il soit homme ou femme, est un missionnaire véritable et efficace. Le secret d’une vie religieuse vraiment épanouie consiste à ne pas perdre son premier amour (cf. Ap 2, 4), mais à tout faire pour le nourrir.

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