Et pendant ce temps-là, dans une autre galaxie, on fait aussi face au virus. Lors d’une allocution retransmise en direct, le chef de l’État s’est adressé de façon très personnelle à toute la Nation au sujet de l’épidémie.

Mes chers compatriotes,

Le ministre de la Santé vient de m’adresser le dernier bilan des effets de l’épidémie : 854 cas détectés, dont 13 décès. Je suis conscient de la gravité de la situation et vous assure que les services de l’État – établissements de santé, pompiers, police, armée – mettent tout en œuvre pour nous protéger tous et permettre à chacun de continuer à vivre. Mais je veux souligner un autre effet du virus. Il a suscité par tout le pays un antivirus, dont voici quelques-unes des manifestations les plus symboliques.

Lundi dernier, à l’appel du secrétaire général du syndicat des ambulanciers, une centaine de professionnels s’est rassemblée en tenue de travail devant la façade de l’Hôtel-Dieu de la capitale : ils ont promis d’assurer le service aux personnes contaminées, au risque de leur propre contamination, et même avec un danger notable pour leur propre vie. Cette promesse, diffusée sur les réseaux sociaux, a reçu l’adhésion d’un grand nombre de personnels de santé, médecins, infirmiers et aides-soignants. L’histoire retiendra ce geste comme « le serment de l’Hôtel-Dieu » !

Le collectif « Bonne-Maman » rassemble des grands-mères qui organisent un service d’accueil à domicile pour les enfants dans les zones où les crèches et les établissements scolaires ont été fermés. Ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui ont été pris en charge et dont les parents ont pu se rendre au travail, évitant ainsi la paralysie du pays. Ce grand mouvement de solidarité, familial et social, parti du grand Ouest, s’est répandu dans tout le pays, bien plus vite que le virus !

En réponse à l’appel de plusieurs pays, foyers principaux de l’épidémie, le 1er Bataillon étranger aéroporté était en état d’alerte. Il a décollé hier soir pour atterrir en zone infectée et y organiser la quarantaine. Sur le tarmac, sous les vivats de la foule, nos paras ont embarqué en chantant le fameux : « Non, rien de rien, non, je n’ai peur de rien… » Tous, nous avons été subjugués par le lumineux sourire de ce légionnaire qui, à la question d’une journaliste, a répondu face à la caméra : « On part casser la gueule au virus ! »

L’heure n’est pas à la lâcheté, mais au courage ; non à l’égoïsme, mais au secours ; non à la mesquinerie, mais à l’héroïsme ! Soyons forts. Il y aurait pire que de mourir de l’épidémie, ce serait de ne pas être à la hauteur de l’épreuve et de perdre ainsi notre âme. Comme le criaient nos anciens, aux heures sombres, face à l’ennemi : « Plutôt mourir que faillir ! » Ensemble, faisons face au virus et, si Dieu veut, nous vaincrons.

Père Augustin-Marie Aubry
billet paru dans Actuailes